Portrait croisé de Chérif Dia (Saint Denis US) et Daniel Adolia (Noisy le Sec) : DIA / ADOLIA les éclairs de la FSGT 93

En récup’ et soins dans leur chambre d’hôtel (NDLR : qu’ils partagent à l’occasion des Jeux Sportifs Mondiaux de Varna), soirée du 6 juin 2013, Chérif et Daniel sont entourés de deux filles de l’équipe de France FSGT d’athlétisme. « Depuis qu’il est champion du Monde sur 100m, il y a plein de femmes qui viennent voir Chérif », chambre Daniel. Sexion d’Assaut et zouk dans l’Ipad, fin d’une discussion passionnée autour de Christophe Lemaitre, seul « blanc » passé en dessous des dix secondes au 100 mètres, ultra médiatisé, et de Jimmy Vicaut, le pote natif de Bondy qu’ils estiment sous médiatisé et même meilleur que Lemaître. Mais vous les gars, parlez nous de vous, car aujourd’hui c’est quand même vous les stars !

Chérif Dia, 28 ans et Daniel Adolia, 30 ans, débutent l’athlé simultanément en 1998…mais à 3241 km d’écart. Le premier au Mali, sa terre natale, sa nationalité. Le second en France, du côté du 9.3. Tous les deux aiment courir vite et s’éclatent dans les compétitions scolaires.
« Une coopération entre Cuba et le Mali en 1999 m’a fait rencontrer mon futur entraîneur en 1999, avec qui je suis resté pendant près de 8 ans et qui m’a fait découvrir le saut en longueur ». Car la discipline de prédilection du malien n’est pas le sprint comme on pourrait le penser, mais le saut en longueur. Sélectionné pour la première fois en équipe nationale en 2001 pour les jeux de l’Afrique de l’Ouest, il bat le record du Mali quatre ans plus tard en 2005, en le faisant passer de 7m45 à 7m60 … et aujourd’hui à 7m82 (NDLR : Chérif détient aussi le record national en triple saut avec 16m18).

Daniel se licencie au club de Noisy le Sec dès 1999 : « je suis quelqu’un de très fidèle » dit-il en rigolant. Mais pas tant que ça, puisqu’il y est toujours en 2013. Vice champion de France cadet sur 100 et 200, Dany enchaîne les podiums nationaux jusqu’en espoir (moins de 23 ans). A 19 ans il descend à 10’42 sur 100 mètres et est sélectionné pour les championnats d’Europe en Pologne en 2003 pour le relais 4×100 m, aux côtés notamment de Ronald Pognon et Lesli Djhone, avec lesquels il remporte la médaille d’argent. Malheureusement, il est contraint de se faire opérer de l’épaule et est écarté des tartans pendant presque deux ans. Une éternité dans le sport de très haut niveau. « Mais je n’ai rien lâché. A force d’entraînements, je suis revenu en 2007 et j’ai porté mon record à 10’34, ce qui m’a valu d’être présélectionné pour les JO de Pékin pour le relais. Mais je me suis à nouveau blessé quelques mois avant et depuis mon niveau a baissé ».

En 2003, Chérif vient en France pour la première fois. « Le SDUS et la ville de Saint-Denis avaient invité des jeunes du monde entier aux championnats du monde d’athlétisme au Stade de France. Cette invitation a été déterminante puisque j’ai eu envie de m’installer ensuite en France. Lorsque je suis arrivé en 2007, je me suis naturellement penché vers le SDUS et la FSGT. » Depuis, Chérif et Daniel se retrouvent régulièrement sur les compétitions FSGT où Chérif s’aligne aussi sur 100 mètres : « cette finale des CSIT restera un grand jour puisque j’ai enfin réussi à battre Daniel ! » dit il gentiment provocateur. Et Daniel de raconter l’anecdote d’il y a deux ans : « j’avais le bras bandé car encore blessé, je ne pouvais même pas tenir correctement dans les startings blocks, mais je l’ai battu encore une fois en survolant la course en 10’69 ». « C’est ça qu’on aime à la FSGT » renchérit Chérif. « On vient sans pression, on s’éclate, tout en étant à fond quand on court. Il y a vraiment une ambiance, les gens se parlent entre eux, alors que sur les compet’ FFA, chacun est dans son coin. »

Tous les deux vivent leurs premiers jeux sportifs mondiaux de la CSIT et soulignent en cœur la bonne organisation de l’évènement, en estimant la compétition d’athlétisme et la logistique au même niveau que les autres compétitions internationales qu’ils ont vécu. « Mais il y a la convivialité, l’échange et la fraternité en plus ! » se réjouit Chérif. « On regrette quand même l’absence totale de lien avec la population locale et l’absence de public. Un évènement sportif de cette ampleur devrait être utilisé pour promouvoir et développer le sport dans le pays ou la ville hôte. Mais bon, les autres sportifs de la délégation FSGT et les dirigeants sont venus nous soutenir, c’était génial et ultra motivant ! »

Daniel, qui revient d’une nouvelle blessure longue de huit mois (NDLR : opération des cartilages du genou) ne s’est quasiment pas entraîné pour ces Jeux. « En 2008 pour Rimini et 2010 pour Tallinn, j’étais aussi blessé… Là c’était vraiment juste » dit il soulagé, le tube de pommade et les électrodes à côté de lui, car son genou a réagi aux deux courses du jour. « Je ne fais pas d’entraînements spécifiques sprint », explique Chérif, « mais pour sauter loin il faut courir très vite, donc forcément la course de vitesse est intégrée dans mes programmes d’entraînements » analyse t-il justement.

Mercredi 6 juin 2013, Chérif Dia est devenu champion du Monde du 100m en 10’75, en battant Daniel Adolia (10’99 sans entraînement).

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